Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/358

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minorité des hommes, un sur mille, qui a les idées générales, seules dirigeantes. Ces professeurs, ces fonctionnaires retirés ou archéologues, ces officiers que je fréquente en ce moment, flânent, vivent au café, dorment dans leur fauteuil, collectionnent ; ils ne voient aucun but qui puisse les attirer.




Promenade à Sainte-Odile.

C’est un couvent, avec un reste de crypte romane, fondé au VIIIe siècle sur une montagne. Journée splendide. — On marche trois heures dans la forêt de pins et de sapins. Pendant la première demi-heure l’effet est admirable. Les arbres sont grands, forts, dans toute leur pousse. Je ne me lasse jamais de voir ce corps droit, ce superbe élan, cette taille fine ; cela donne l’idée d’une phalange de héros vierges et sauvages. Les sapins à l’écorce unie, tachée de mousse blanchâtre, sont encore plus beaux que les pins ; leurs rameaux d’un vert plus vivant et plus frais sont jetés par masses et tran-