Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/98

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Promenade, hier, sous la conduite de M. B…, professeur d’histoire à la Faculté. Il a cinquante-cinq ans et en paraît quarante. Il est libéral, il va dans le monde poli, aristocratique ; il est fort bien, presque artiste et antiquaire passionné. — Chemin faisant, il nous conte l’état des choses. — À Toulouse il y a soixante-dix-sept maisons religieuses sur une population de cent mille âmes ; entre autres, trois énormes collèges, l’un ayant cinq cents élèves. Quand le frère Léotade a été condamné, beaucoup de gens l’ont déclaré martyr ; l’année suivante, son collège a eu trente ou quarante élèves de plus à la rentrée. — De même à Poitiers, trente-huit maisons religieuses sur trente-cinq mille habitants. À Poitiers, à Rennes, le lycée est tombé de moitié par la concurrence. J’ai vu à Bordeaux, il y a six ans, un énorme et magnifique bâtiment que l’on construisait pour les congréganistes. — Tel de ces bâtiments, ici, a coûté deux millions. — À Paris, les pensionnats religieux font entrer par an, à Saint-Cyr, soixante-dix à quatre-vingts jeunes gens, qui font bande à part. Jusqu’à des bicoques comme Rethel, ils prennent