Page:Taine - Essai sur Tite Live, 1888.djvu/283

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« ges troublés, contre la discipline militaire, la « règle de nos ancêtres, la volonté des dieux, tu « as osé livrer bataille ! Réponds à ce que je te « demande. Pas un mot hors de là. prends-y « garde. Approche, licteur. »

Dans ce terrible raisonnement qui enchaîne l’accusé pour le tuer, la passion contenue d’abord grandit, s’amasse menaçante, puis, au dernier mot, éclate ; c’est la colère nourrie par la logique. Le développement des preuves est le développement de la passion.

« Comme il n’était pas facile de répondre à chacune de ces questions, et que Fabius tantôt se plaignait d’avoir dans une affaire capitale son accusateur pour juge, tantôt criait qu’on pouvait lui arracher la vie plutôt que la gloire de ce qu’il avait fait, et tour à tour se défendait et accusait, Papirius, reprenant toute sa colère, ordonna de dépouiller le maître de la cavalerie, et d’apprêter les verges et les haches. Fabius, implorant la foi des soldats, se déroba aux licteurs qui lui arrachaient ses vêtements, et se réfugia vers les triaires qui déjà excitaient du tumulte dans l’assemblée. De là les clameurs se répandirent dans tous les rangs ; on entendait ici des prières, là des menaces. Ceux qui, par hasard, se trouvaient le plus près du tribunal, et qui, placés sous les yeux de Pupirius, pouvaient être reconnus de lui, le sup-