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CHAPITRE III.

nouillées entre les soldats, « parmi les traits (jiii volent ? Elles supplient leurs pères et leurs maris de ne pas se couvrir d’un sang— sacré pour eux. Ne souillez pas nos enfants d’un parricide, vous vos fils, vous vos petits-fils. Si cette parenté, si ce mariage vous est odieux, tournez contre nous vos colères. Nous sommes la cause de celle guerre ; nous sommes la cause des blessures et du meurtre de nos maris et de nos pères. Il nous vaut mieux périr que vivre sans nos maris ou sans nos pères, veuves ou orphelines’. » Ces oppositions si nettement marquées, ce dilemme si fortement construit, ces raisons si habilement présentées et résumées ressemblent aux disserlafions des Horaces^, et n’en sont pas pour cola plus naturelles. On craint pour les personnages de Tite Live les circonstances imprévues et accablantes. Ils ont toujours en réserve, dans je ne sais quel coin de leur espril, des périodes si parfaites qu’elles feraient honneur à une harangue de cabinet. Gracchus tombe dans une embuscade avec quelques hommes et se voit tout d’un coup enveloppé. « 11 les exhorte à honorer par leur courage le dernier parli que la fortune leur laisse.

1, Tite Live, I, 13.

2. Corneille, les Horaces :

Quand il faut que l’un meure et par la main de l’autre,
Q’est un raisonnement Lien mauvais que le vôtre.