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L’ANCIEN RÉGIME


tous les soirs il y a appartement et jeu chez le roi, chez ses filles, chez sa maîtresse, chez sa bru, outre les chasses et trois petits voyages par semaine. On a compté que telle année Louis XV ne coucha que cinquante-deux nuits à Versailles, et l’ambassadeur d’Autriche dit très bien que « son genre de vie ne lui laisse pas une heure dans la journée à s’occuper des affaires sérieuses ». — Quant à Louis XVI, on a vu qu’il dégage quelques heures dans la matinée ; mais la machine est montée et l’entraîne. Comment se dérober à ses hôtes, et comment ne pas faire les honneurs de chez soi ? Les convenances et l’usage sont aussi des despotes ; ajoutez-en un troisième, plus absolu encore, la vivacité impérieuse et folâtre d’une jeune reine qui ne peut supporter une heure de lecture. À Versailles, trois spectacles et deux bals par semaine, deux grands soupers, le mardi et le jeudi ; et, de temps en temps, l’Opéra à Paris[1]. À Fontainebleau, trois spectacles par semaine, les autres jours jeu et souper. L’hiver suivant, la reine donne chaque semaine bal masqué, où la « composition des habillements, les contredanses figurées en ballets et les répétitions journalières prennent tant de temps que toute la semaine y passe ». Pendant le carnaval de 1777, la reine, outre ses propres fêtes, a les bals du Palais-Royal et les bals masqués de l’Opéra ; un peu plus tard, chez la comtesse Diane de Polignac, j’en trouve un

  1. Ib., II, 270 (18 octobre 1774) ; II, 395 (15 novembre 1775) ; II. 295 (20 février 1775) ; III, 25 (11 février 1777) ; III, 119 (17 octobre 1777) ; III, 409 (18 mars 1780).