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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


de salaire devrait payer autant de centimes que chaque franc de gain industriel ou commercial et que chaque franc de revenu mobilier ou foncier, c’est-à-dire plus d’un cinquième de franc, environ 21 centimes. — À ce taux, l’ouvrier qui vit du travail de ses mains, le manœuvre, le journalier qui gagne 1 fr. 15 par jour et travaille 300 jours par an, devrait, sur ses 345 francs de salaire, payer au fisc 69 francs. À ce taux, le paysan ordinaire, cultivateur de son propre champ, propriétaire d’une chaumière et de quelques morceaux de terre qu’il pourrait louer 100 francs par an, devrait, sur ses 445 francs de revenu foncier et de gain manuel, payer au fisc 89 francs[1]. À ce taux, et sur un si petit gain, le prélèvement serait énorme ; car ce gain, ramassé au jour le jour, suffit juste à faire vivre, et très mal,

    sur-le-Rhône : « Je n’avais pas l’idée d’un pays aussi complètement cultivé que celui que nous avons vu depuis Dieppe jusqu’ici. » — (Ib., 51, à Montpellier.) « Depuis Dieppe jusqu’ici, nous n’avons pas vu, parmi les gens de la classe laborieuse, une seule de ces figures faméliques, usées, misérables, que l’on peut rencontrer dans chaque paroisse, je dirai presque, dans chaque ferme de l’Angleterre… Un pays vraiment riche, et pourtant il y a très peu d’individus riches. » — Robert, De L’influence de la Révolution sur la population, 41, 102 : « Depuis la Révolution, j’ai observé, dans le petit village de Sainte-Tulle, que la consommation de la viande a doublé ; les paysans, qui autrefois vivaient de lard salé et ne mangeaient de bœuf qu’à Pâques et à Noël, mettent très souvent dans la semaine le pot-au-feu et ont échangé le pain de seigle contre le pain de froment. »

  1. Le chiffre de 1 fr. 15 pour la journée de travail manuel est une moyenne ; je l’ai tiré des statistiques fournies par les préfets de l’an IX à l’an XIII, notamment pour la Charente, les Deux-Sèvres, la Meurthe, la Moselle et le Doubs.


  le régime moderne, ii.
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