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LE RÉGIME MODERNE


tienté et la seconde résidence du pape, est déclarée[1] « ville impériale et libre, seconde ville de l’empire » ; un prince du sang ou un grand dignitaire doit y résider et y « tenir la cour de l’empereur ». « Après avoir été couronnés dans l’église Notre-Dame de Paris, les empereurs viendront en Italie avant la dixième année de leur règne, et seront couronnés dans l’église Saint-Pierre de Rome. » L’héritier du trône impérial portera le titre et recevra les honneurs de roi de Rome ». Notez les portions solides de cette construction chimérique : bien plus Italien que Français, Italien de race, d’instinct, d’imagination, de souvenirs, Napoléon fait entrer l’avenir de sa première patrie dans son plan ; et, si l’on établit le compte final de son règne, tout le bénéfice net est pour l’Italie, comme toute la perte sèche est pour la France. « Napoléon voulait recréer[2] la patrie italienne, réunir les Piémontais, les Toscans, etc., en une seule nation indépendante, bornée par les Alpes et les mers… C’était là le trophée immortel qu’il élevait à sa gloire… Il attendait avec impatience la naissance de son second fils pour le mener à Rome, le couronner roi d’Italie, et proclamer l’indépendance de la belle péninsule, sous la régence du prince Eugène. » Depuis Théodoric et les rois lombards, c’est le pape qui, pour conserver sa souveraineté temporelle et son omnipotence spirituelle, a main-

  1. Sénatus-consulte du 17 février 1810.
  2. Notes de Napoléon sur les Quatre Concordats de M. de Pradt (Correspondance, XXX, 548).