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LE RÉGIME MODERNE


liaires attitrés du pouvoir laïque. « La supérieure générale[1] des Sœurs de la Charité résidera à Paris ; toute la corporation sera ainsi sous la main du gouvernement. » Quant aux Frères des Écoles chrétiennes, Napoléon les englobe dans son Université[2] : « Ils seront brevetés par le grand maître[3], qui visera leurs statuts intérieurs, les admettra au serment, leur prescrira un habit particulier et fera surveiller leurs écoles. » — Notez les exigences du gouvernement à cet endroit, ses procédés pour maîtriser les ordres religieux qu’il autorise : L’abbé Hanon[4], supérieur commun des Lazaristes et des Sœurs de Saint-Vincent de Paul, ayant refusé de mettre Mme Lætitia à la tête du conseil de l’ordre, est, enlevé de nuit, enfermé à Fenestrelles, et les sœurs qui, conformément aux instructions de leur premier fondateur, ne veulent pas reconnaître une supérieure nommée par le pouvoir civil, sont traitées comme autrefois les religieuses de Port-Royal. « Il est temps[5] de finir ce scandale des Sœurs de Charité en révolte contre leurs supérieures. Mon intention est de supprimer les maisons qui, vingt-quatre heures

  1. Pelet de la Lozère, 209.
  2. Décret du 17 mars 1808, article 109.
  3. Alexis Chevalier, les Frères des écoles chrétiennes après la Révolution, 93 (Rapport de Portalis approuvé par le Premier Consul, 10 frimaire an XII). Désormais, dit Portalis, « le supérieur, général de Rome renonce à toute inspection sur les frères de la Doctrine chrétienne : en France, il est convenu que les frères auront un supérieur général qui résidera à Lyon ».
  4. Comte d’Haussonville, V, 148.
  5. Ib., (Lettre de Napoléon au ministre des cultes, 3 mars 1811, omise dans la Correspondance).