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LE RÉGIME MODERNE


« à Pignerol pour dix ans, et, je crois, l’évêque exilé ». — À Séez, ou les prêtres constitutionnels sont en défaveur, l’évêque est forcé de se démettre à l’instant même, et l’abbé Legallois, son principal conseiller, saisi par les gendarmes, conduit à Paris de brigade en brigade, est enfermé à la Force, au secret, sur la paille, pendant onze jours, puis emprisonné à Vincennes pendant neuf mois, tant qu’enfin, atteint de paralysie, il est transféré dans une maison de santé, où il reste détenu jusqu’à la fin du règne.

Pourvoyons à l’avenir comme au présent, et, par delà le clergé actuel, dressons le clergé futur. À cela les séminaires serviront : « Il faut[1]… en organiser de publics pour qu’il ne s’en forme pas de clandestins, tels que ceux qui existent déjà dans les départements du Calvados, du Morbihan et dans plusieurs autres,… il ne faut pas abandonner à l’ignorance et au fanatisme le soin de former les jeunes prêtres… » — « Les écoles catholiques ont besoin de la surveillance du gouvernement. » — Il y en aura une aux frais de l’État ; dans chaque arrondissement métropolitain, et « cette école spéciale sera sous la main de l’autorité ». — « Les directeurs et les professeurs seront nommés par le Premier Consul » ; on y mettra des hommes « instruits, dévoués au gouvernement, et amis de la tolérance ; ils ne se borneront pas à professer la théologie, mais ils y joindront une sorte de philosophie et

  1. Pelet de la Lozère, 203 (Paroles de Napoléon, 4 février 1804). Loi du 14 mars 1804.