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CHAPITRE IV

I. La force armée se dissout. — Comment l’armée est recrutée. — Comment le soldat est traité. — II. L’organisation sociale est dissoute. — Nul centre de ralliement. — Inertie de la province. — Ascendant de Paris. — III. Direction du courant. — L’homme du peuple conduit par l’avocat. — Les seuls pouvoirs survivants sont la théorie et les piques. — Suicide de l’ancien régime.

I

Contre la sédition universelle, où est la force ? — Dans les cent cinquante mille hommes qui maintiennent l’ordre, les dispositions sont les mêmes que dans les vingt-six millions d’hommes qui le subissent, et les abus, la désaffection, toutes les causes qui dissolvent la nation dissolvent aussi l’armée. Sur quatre-vingt-dix millions[1] de solde que chaque année elle coûte au Trésor, il y a 46 millions pour les officiers, 44 seulement pour les soldats, et l’on sait qu’une ordonnance nouvelle réserve tous les grades aux nobles vérifiés. Nulle part cette inégalité, contre laquelle l’opinion publique se révolte, n’éclate en traits si forts : d’un côté, pour le

  1. Necker de l’Administration des Finances, II, 422. 435.