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LA RÉVOLUTION


hue de nouveau en criant : « À bas les aristocrates ! à la lanterne ! » Deux ou trois officiers, qui étaient sur le seuil de la porte, s’indignent ; l’un d’eux, tirant l’épée, menace un jeune homme de le frapper s’il continue. Aussitôt la foule crie : « À la garde ! au secours ! à l’assassin ! » s’élance contre l’officier qui rentre en appelant aux armes. Ses camarades, l’épée à la main, descendent pour défendre l’entrée ; M. de Guiramand lâche deux coups de pistolets, reçoit un coup de fusil dans la cuisse. Une grêle de pierres fait voler les fenêtres en éclats, la porte est sur le point d’être enfoncée, plusieurs membres du cercle se sauvent par les toits. Une douzaine d’autres, la plupart officiers, se forment en peloton, et percent la foule, l’épée haute, frappant, frappés : cinq sont blessés, mais s’échappent. — Sur quoi la municipalité fait murer à l’instant les fenêtres et les portes du cercle, renvoie de la ville le régiment de Lyonnais, fait décréter sept officiers et M. de Guiramand de prise de corps, tout cela en quelques heures et sans autre témoignage que celui des vainqueurs.

Mais ces mesures si promptes, si fortes et si partiales, ne suffisent point au club ; il y a d’autres conspirateurs à saisir ; c’est lui qui les désigne et va les prendre. — Trois mois auparavant, M. Pascalis, avocat, haranguant avec plusieurs de ses confrères le parlement dissous, avait déploré l’aveuglement du peuple « exalté par des prérogatives dont il ne connaît pas le danger ». Manifestement un homme qui a osé parler ainsi est un traître. — Il en est un autre, M. Morellet de la Roquette, qui a