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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


« sortir de chez eux ». — Mêmes violences dans le cercle de départements plus lointains, qui enveloppe ce premier cercle. À Aubigny, dans le Cher, les voitures de grains sont arrêtées, les administrateurs du district menacés, deux têtes sont mises à prix : une partie de la garde nationale est avec les mutins[1]. À Chaumont, dans la Haute-Marne c’est toute la garde-nationale qui se mutine ; un convoi de plus de trois cents sacs est retenu, l’hôtel de ville forcé, l’insurrection dure quatre jours, le directoire du département est en fuite, le peuple s’empare de la poudre et des canons. À Douai, dans le Nord, pour sauver un marchand de grains, ou le conduit en prison ; la foule force les portes, les soldats refusent de tirer, l’homme est pendu, le directoire du département se réfugie à Lille. À Montreuil-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, les deux chefs de l’émeute, un chaudronnier et un maréchal ferrant, « Béquelin dit Petit-Gueux », celui-ci sabre en main, répondent aux sommations de la municipalité que « pas un grain ne sortira, qu’à présent ils sont les maîtres », et que, si les officiers municipaux osent encore faire de pareilles proclamations, « on leur f… la tête à bas ». Nul moyen

  1. Archives nationales, F7, 3203. Lettre du directoire du Cher, 25 août 1791. — F7, 3240. Lettre du directoire de la Haute-Marne, 6 novembre 1791. — F7, 3248. Procès-verbal des membres du département du Nord, 18 mars 1791. — F7, 3250. Procès-verbal des officiers municipaux de Montreuil-sur-Mer, 16 octobre 1791. — F7, 3265. Lettre du directoire de la Seine-Inférieure, 22 juillet 1791. — D, XXIX, 4. Remontrances des municipalités assemblées à Tostes, 21 juillet 1791. — Pétition des officiers municipaux des districts de Dieppe, Cany et Caudebec, 22 juillet 1791.