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LA RÉVOLUTION


la commune diffère le plus qu’elle peut la confection de ses rôles. Le 30 janvier 1792, sur 40 911, il n’y en a encore que 2 560 définitifs ; au 5 octobre 1792, dans 4 800 municipalités, les matrices ne sont pas faites ; et notez qu’il s’agit d’un exercice terminé depuis plus de neuf mois. À la même date, il y a plus de six mille communes qui n’ont pas encore commencé à percevoir la contribution foncière de 1791, plus de quinze mille communes qui n’ont pas encore commencé à percevoir la contribution mobilière de 1791 ; sur ces deux impositions, le Trésor et les départements n’ont encore touché que 152 millions, il en reste dû 222. Au 1er février 1793, sur le même exercice, il reste encore dû 161 millions, et, des 50 millions établis en 1790 pour remplacer la gabelle et autres droits supprimés, on en a touché 2. Enfin à cette même date, sur les deux contributions directes de 1792, qui devaient produire 300 millions, on a recouvré moins de 4 millions. — C’est un adage de débiteur qu’il ne faut payer que le plus tard possible. Quel que soit le créancier, État ou particulier, à force de traîner en longueur, on en tirera pied ou aile. L’adage est vrai, et, cette fois encore, le succès en va prouver la justesse. Pendant l’année 1792, le paysan commence à solder une portion de son arriéré, mais c’est en assignats. Or, en janvier, février et mars 1792, les assignats perdent trente-quatre, quarante et quarante-sept pour cent ; en janvier, février et mars 1793, quarante-cinq et cinquante pour cent ; en mai, juin et juillet 1795, cinquante-quatre, soixante et soixante-sept pour cent. Ainsi la vieille créance de l’État a fondu entre ses mains ;