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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


À peine arrivé », la commune de Bois-d’Aisy lui fait signifier par son maire « qu’elle ne veut pas qu’il soit éligible ». Il vient à l’assemblée électorale qui s’est réunie dans l’église ; là, du haut de la chaire, un officier municipal invective contre les nobles, les prêtres, et déclare qu’ils ne doivent point prendre part aux élections. Tous les yeux se tournent vers M. de Bois-d’Aisy, seul noble de l’assistance ; néanmoins il prête le serment civique, et peu s’en faut que cela ne lui coûte cher ; car on murmure autour de lui, et nombre de paysans disent que pour l’en empêcher il aurait fallu le pendre, comme le seigneur de Sainte-Colombe. En effet, la veille même, celui-ci, M. de Viteaux, vieillard de soixante-quatorze ans, a été chassé de l’assemblée primaire, puis arraché de la maison où il s’était réfugié, et meurtri à coups de bâton ; on l’a traîné dans les rues, puis sur la place ; on lui a enfoncé du fumier dans la bouche et un bâton dans les oreilles ; « il a expiré après un martyre de trois heures ». Le même jour, dans l’église des Capucins, à Semur, les paroisses rurales assemblées ont exclu par les mêmes moyens leurs prêtres et leurs gentilshommes : M. de Damas et M. de Sainte-Maure ont été assommés à coups de bâton et de pierres ; le curé de Massigny est mort de six coups de couteau ; M. de Virieu s’est sauvé comme il a pu. — Après de tels exemples, il est probable que beaucoup de nobles ne

    d’Aisy, 29 avril, lue à l’Assemblée nationale). — Moniteur, IV, 302, séance du 6 mai. Procès-verbal du juge de paix de Viteaux, 28 avril.