Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 4, 1910.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


commandé par M. d’Autichamp ; ce corps se portera à Paris pour enlever le roi et dissoudre l’Assemblée nationale. Sur toute la route, il s’adjoindra par force les gardes nationales. À une certaine distance, chaque homme touchera 1 200 livres ; à la fin de l’expédition, il sera nommé garde d’Artois, sinon renvoyé avec une gratification de 12 000 livres. Cependant le prince de Condé, avec quarante mille hommes, viendra par Pont-Saint-Esprit en Languedoc, ralliera les malveillants de Carpentras et du camp de Jalès, occupera Cette et les autres ports. Enfin, de son côté, le comte d’Artois entrera par Pont-de-Beauvoisin avec trente mille hommes. — Terrible découverte : la municipalité de Valence en donne avis à celles de Lyon, de Besançon, de Châlons, de Mâcon et à d’autres encore. Là-dessus, la municipalité de Mâcon, « considérant que les ennemis de la Révolution font toujours les efforts les plus grands pour anéantir la Constitution qui fait le bonheur de cet empire », persuadée « qu’il est très important de déjouer leurs projets », envoie deux cents hommes de sa garde nationale au château de Villiers, « avec autorisation de déployer la force des armes en cas de résistance ». Pour plus de sûreté, cette troupe ramasse les gardes nationales des trois paroisses voisines. M. de Bussy, averti qu’elles escaladent son jardin, prend un fusil, met en joue, ne tire pas, puis, la réquisition étant légale, laisse tout visiter. On trouve chez lui six habits verts, sept douzaines de gros boutons et quinze douzaines de petits : preuve manifeste. Il expli-