Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 4, 1910.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
LA RÉVOLUTION


« étaient au pouvoir des ennemis de l’État ; maintenant elles sont entre les mains des défenseurs de la Constitution de l’empire. Malheur à qui voudrait nous les ravir, pour en faire encore le foyer d’une contre-révolution ! » — Il est vrai que le commandant de la province, M. de Miran, a réclamé. Mais « peut-on voir sans une espèce de pitié la réquisition faite par un sieur de Miran, au nom du Roi qu’il trahit, de rendre aux troupes de Sa Majesté les places qui, désormais en notre pouvoir, garantissent à la Nation, à la Loi, au Roi, la sécurité publique ? » — C’est en vain que le roi, sur l’invitation de l’Assemblée nationale[1], ordonne à la municipalité de restituer les forts aux commandants et d’en faire sortir les gardes nationaux. La municipalité s’indigne et résiste. Selon elle, tout le tort est aux commandants et aux ministres. Ce sont les commandants qui « par l’appareil menaçant de leurs citadelles, par leur accumulation de provisions et d’artillerie, ont troublé la tranquillité publique. Que prétend donc le ministre en voulant faire sortir de nos forts les troupes nationales pour en confier la garde à

  1. Archives nationales, F7, 3196. Ordre du roi, 10 mai. Lettre de M. de Saint-Priest à l’Assemblée nationale, 11 mai. Décret de l’Assemblée nationale, 12 mai. Lettre de la municipalité au roi, 20 mai. Lettre de M. Rubum, 20 mai. Note envoyée de Marseille, 31 mai. — Adresse de la municipalité au président des Amis de la Constitution à Paris, 5 mai. Dans son récit de la prise des forts, on lit la phrase suivante : « Nous nous portâmes sans obstacle jusqu’auprès du commandant, que nous réduisîmes à la concorde, au moyen de l’influence que la force, la crainte et la raison donnent à la persuasion. »