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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« tre les provocateurs au meurtre et à l’assassinat ». « Presque à l’unanimité », ils veulent se donner une garde recrutée dans les quatre-vingt-trois départements contre les bandes armées de Paris et de la Commune. Pour premier président, ils ont élu Pétion « presque à la totalité des suffrages ». Roland, qui vient de leur lire son rapport, reçoit « les plus vifs applaudissements de l’Assemblée presque entière ». — Bref, ils sont pour la république idéale contre les brigands de fait. De là vient qu’ils se rangent autour des députés probes et convaincus qui, dans les deux précédentes Assemblées ou à côté d’elles, ont le mieux défendu tout à la fois l’humanité et les principes, autour de Buzot, Lanjuinais, Pétion, Rabaut-Saint-Étienne, autour de Brissot, Vergniaud, Guadet, Gensonné, Isnard et Condorcet, autour de Roland, Louvet, Barbaroux, et les cinq cents députés de la Plaine marchent en corps sous la conduite des cent quatre-vingts Girondins qui forment maintenant le côté droit[1].

Parmi les républicains, ceux-ci sont les plus estimables et les plus croyants ; car ils le sont depuis longtemps, par réflexion, étude et système, presque tous lettrés et liseurs, raisonneurs et philosophes, disciples de Diderot ou de Rousseau, persuadés que la vérité absolue a été révélée par leurs maîtres, imbus de l’En-

  1. Meillan, Mémoires, 20. — Buchez et Roux, XXVI, séance du 15 avril 1793. Dénonciation des Vingt-Deux par les sections de Paris ; Boyer-Fonfrède regrette « que son nom ne soit pas inscrit sur cette liste honorable ». — « Et nous aussi, tous, tous ! » s’écrient les trois quarts de l’Assemblée en se levant. »