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LA RÉVOLUTION


« guillotinés, et nous serons leurs héritiers[1]. » — Entre ce programme soutenu par la plèbe jacobine et le programme des Girondins soutenu par la majorité de la Convention, entre la Constitution de Condorcet et l’article abréviatif de M. Saule, il est aisé de voir lequel prévaudra. « Ces polissons de parisiens, dit un Girondin, nous prenaient pour leurs valets[2], » et un valet est sûr d’être renvoyé s’il contredit son maître. Dès le premier jour, quand la Convention en corps traversait les rues pour se rendre en séance, elle a pu comprendre, à certaines phrases significatives, en quelles mains imbéciles et terribles elle était tombée. « Pourquoi, disait-on sur son passage, pourquoi faire venir tant de gens pour gouverner la France ? N’y en a-t-il pas assez à Paris[3] ? »

  1. Ce dernier mot est de Mallet du Pan.
  2. Buzot, 64.
  3. Michelet. IV, 6 (d’après le récit oral de Daunou). — Buchez et Roux, XXVIII, 101. Lettre de Louvet à Roland : « Au moment où les prétendus commissaires des 48 sections de Paris venaient présenter leur pétition contre la force armée (départementale), j’ai entendu Santerre, qui sortait aussi, dire à haute vois aux personnes qui l’environnaient à peu près ceci : « Vous voyez que les députés ne sont pas à la hauteur de la révolution… Ça arrive de 50 lieues ; de 100 lieues, de 200 lieues ; ça ne comprend rien à ce que vous dites. »