Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
292
LA RÉVOLUTION


dans son comité des finances est, lui aussi, une sorte de souverain, garde à la trésorerie cinq ou six cents employés qui n’ont pu obtenir leur certificat de civisme et que les Jacobins dénoncent incessamment pour avoir leurs places. Carnot sauve et emploie des ingénieurs éminents, MM. d’Arçon, de Montalembert, d’Obenheim, tous nobles, plusieurs antijacobins, sans compter nombre d’officiers accusés qu’il justifie, replace ou maintient[1]. — Par ces actes de courage et d’humanité, ils se soulagent de leurs scrupules, du moins provisoirement et à peu près ; d’ailleurs ils ne sont hommes d’État que par occasion et force majeure, plutôt conduits que conducteurs, terroristes de rencontre et de nécessité plutôt que d’instinct et de système. Si, de concert avec les dix autres, Prieur et Carnot commandent le vol et le meurtre en grand, s’ils signent, par vingtaines et par centaines, des ordres qui sont des assassinats, c’est parce qu’ils sont d’un corps. Quand tout le Comité délibère, ils sont

    dur pour l’administration de la trésorerie, qu’il accusait d’un esprit aristocratique et contre-révolutionnaire. On savait que, sous ce prétexte, l’orateur devait proposer la mise en accusation, tant du représentant chargé de la surveillance que des six commissaires, et leur envoi au tribunal révolutionnaire, dont le jugement ne pouvait être douteux. » — Buchez et Roux, XXXIII, 431, 438, 441 (Discours de Robespierre, 8 thermidor an II). « Projets machiavéliques contre les petits rentiers de l’État… Système de finances mesquin, prodigue, tracassier, dévorant, absolument indépendant de votre surveillance suprême… La contre-révolution est dans l’administration des finances… Quels sont les administrateurs suprêmes ? Des brissotins, des feuillants, des aristocrates et des fripons connus ; ce sont les Cambon, les Mallarmé, les Ramel. »

  1. Carnot, I, 425.