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LES GOUVERNÉS


« vices de quelques-uns de ses membres, il y eut jamais dans le monde un clergé plus remarquable que le clergé catholique de France au moment où la Révolution l’a surpris, plus éclairé, plus national, moins retranché dans les seules vertus privées, mieux pourvu de vertus publiques et, en même temps, de plus de foi… J’ai commencé l’étude de l’ancienne société plein de préjugés contre lui ; j’en suis sorti plein de respect. » — D’abord, ce qui est un grand point, dans les cures des villes, dans les trois cents collégiales, dans les petits canonicats des chapitres cathédraux, la plupart des titulaires appartenaient à de meilleures familles qu’aujourd’hui[1]. Les enfants étaient nombreux alors, non seulement chez les paysans, mais encore dans la petite noblesse et dans la bonne bourgeoisie ; partant chaque famille mettait volontiers un de ses fils dans les ordres, et, pour cela, elle n’avait pas besoin de le contraindre. La profession ecclésiastique avait alors des attraits qu’elle n’a plus, et ne présentait pas les désagréments qu’elle comporte aujour-

    trop nombreux pour être cités, se trouvent surtout dans les biographies et histoires locales.

  1. Sauzay, I, Introduction, et Ludovic Sciout, Histoire de la Constitution civile du clergé, I, Introduction. — (Voir, dans Sauzay, la biographie et les grades des principaux dignitaires ecclésiastiques du diocèse de Besançon.) On n’entrait dans le chapitre cathédral et dans le chapitre de Sainte-Madeleine que par la noblesse ou par les grades ; les titulaires devaient avoir un père noble ou docteur, et être eux-mêmes docteurs en théologie ou en droit canon. Des titres analogues, quoique moindres, étaient demandés aux chanoines des collégiales et aux chapelains ou familiers.