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LA RÉVOLUTION


gardes nationaux, fédérations, fêtes et parades patriotiques, écritures, impressions et publications innombrables, remboursement des offices supprimés, installation des administrations nouvelles, secours aux indigents, ateliers de charité, achats de grains, indemnité aux fariniers et aux boulangers : il avait bien fallu fournir aux frais de la démolition et de la reconstruction universelles. Or, tous ces frais, l’État les avait payés pour la plus grosse part. À la fin d’avril 1793, il avait déjà fait à la seule ville de Paris 110 millions d’avances, et la Commune insolvable lui extorquait incessamment de nouveaux millions[1]. À côté de ce gouffre, les Jacobins en avaient ouvert un autre plus large, celui de la guerre ; pendant le premier semestre de 1793, ils y jetaient par mois 140, puis 160, puis 190 millions ;

    la guerre ont coûté, en quatre ans et demi, 5350 millions en sus des dépenses ordinaires. » (Cambon, dans ses calculs, exagère exprès les dépenses ordinaires de la monarchie. On voit par le budget de Necker que les dépenses fixes en 1789 étaient de 531 millions, et non, comme dit Cambon, de 700 millions, ce qui élève les dépenses de la Révolution et de la guerre à 7121 millions pour les quatre ans et demi, partant à 1582 millions par an, c’est-à-dire au triple en sus des dépenses ordinaires). La dépense des villes s’exagère aussi, comme celle de l’État et pour les mêmes raisons.

  1. Schmidt, Pariser Zustände, I, 93, 96. Pendant le premier semestre de 1789, il y a 17 000 ouvriers, à vingt sous par jour, dans les ateliers nationaux de Montmartre. En 1790, il y en a 19 000 ; en 1791, 31 000, qui coûtent 60 000 francs par jour. En 1790, l’État dépense 75 millions pour maintenir à Paris le pain de quatre livres à onze sous. — Ib., 113, Dans le premier semestre de 1793, l’État paye aux boulangers de Paris, afin de maintenir le pain à trois sous la livre, environ 75 000 francs par jour.