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LES GOUVERNÉS


il ne reste plus, en février 1794, « de nourriture et d’aliments pour le peuple » ; tout a été requis et emporté, même les grains de semence, en sorte que les champs restent en friche[1]. — À Marseille, « depuis le maximum, tout manque ; les pêcheurs eux-mêmes ne sortent plus (en mer), et le secours des poissons manque pour les subsistances[2] ». — À Cahors, malgré les réquisitions multipliées, le directoire du Lot et le représentant Taillefer[3] déclarent que « les habitants sont réduits, depuis plus de huit jours, à ne manger que du pain de méteil, composé d’un cinquième de froment et le reste en orge, baillarge et millet ». — À Nîmes[4], pour faire durer la provision de grains qui s’épuise, ordre aux boulangers et aux particuliers de ne plus tamiser la farine, d’y laisser le son, de pétrir et cuire « la mouture du blé telle quelle ». — À Grenoble[5], « les boulangers ne cuisent pas, les habitants des campagnes n’apportent point de blé, les marchands enfouissent leurs marchandises, ou les font recéler par des voisins officieux, ou les exportent ». — « Ça

    d’Herbois, 17 et 19 brumaire an II). — Comte de Martel, Fouché, 340-341 (Lettres de Collot d’Herbois, 7 et 9 novembre 1793).

  1. Comte de Martel, ib., 462 (Proclamation de Javogues, 13 pluviôse an II).
  2. Archives des affaires étrangères, tome 330 (Lettre de Brutus, agent politique, 6 nivôse).
  3. Archives nationales, AF, II, 116 (Arrêtés de Taillefer et de Marat-Valette, et délibération du Directoire du Lot, 20 brumaire an II).
  4. Archives des affaires étrangères, tome 331 (Lettre de l’agent Bertrand, 3 frimaire).
  5. Ib., tome 332 (Lettre de l’agent Chépy, 2 brumaire).