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LA RÉVOLUTION


le Comité de Salut public met d’abord « en réquisition toutes les avoines existantes dans l’étendue de la République ; … dans le délai de huit jours, tout possesseur d’avoine sera tenu d’en faire le versement dans le magasin qui lui sera désigné par l’administration du district », au prix du maximum ; sinon, « suspect et puni comme tel ». Cependant, en province, par un arrêté plus compréhensif encore, Paganel dans le Tarn, Dartigoeyte dans le Gers et dans la Haute-Garonne[1], enjoignent à chaque commune d’établir chez elle des greniers publics ; ordre « à tous les citoyens d’y verser leurs provisions en grains et en farines, froment, méteil, seigle, orge, avoine, millet, blé noir », et au prix du maximum ; nul ne pourra garder chez soi au delà de sa provision d’un mois, 50 livres de farine ou blé par personne ; de cette façon, l’État, qui tient la clef des magasins, pourra « opérer le nivellement salutaire des subsistances », de département à département, de district à district, de commune à commune, d’individu à individu ; un garde-magasin veillera sur chacun de ces greniers d’abondance ; la municipalité elle-même délivrera les rations ; de plus, « elle prendra les mesures convenables pour que les fèves et légumes soient, au fur et à mesure de leur maturité, distribués économiquement sous sa surveillance », tant par tête, et toujours au prix du maximum. Sinon, destitution, arrestation et comparution « devant le tribunal criminel extra-

  1. Archives nationales, AF, II, 116 et 106 (Arrêtés de Paganel, Castres, 6 et 7 pluviôse ; arrêtés de Dartigoeyte, 23, 25 et 29 floréal).