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LES GOUVERNÉS


« les sections du Temple et des Gravilliers, la plus grande partie des ouvriers n’a pas travaillé faute de pain ». — Le 24 brumaire, « les citoyens de toute classe refusent de monter leur garde, parce qu’ils n’ont point de subsistances ». — Le 25 brumaire, section des Gravilliers, des femmes disent qu’elles ont vendu tout ce qu’elles possédaient ; d’autres, section du faubourg Antoine, qu’il vaudrait mieux les mettre à la bouche d’un canon ». — Le 30 brumaire, « une femme en fureur est venue dire à un boulanger de tuer ses enfants, parce qu’elle n’avait plus de quoi les nourrir ». — Le 1er, le 2, le 3 et le 4 frimaire, « dans beaucoup de sections le pain n’a été délivré que le soir, dans quelques-unes à 1 heure du matin, et de très mauvaise qualité… Beaucoup de sections n’ont pas eu de pain hier… Le pain a manqué depuis deux jours dans diverses sections ». — Le 7 frimaire, les inspecteurs déclarent que « les hospices ne seront bientôt plus assez vastes pour contenir la foule des malades et des malheureux ». — Le 14 frimaire, « à la Halle, une femme allaitant un enfant, est tombée d’inanition ». — Quelques jours auparavant, « un particulier est tombé de besoin en passant rue Bourg-l’Abbé ». — « Tous nos rapports, disent les administrateurs du bureau central, ne retentissent que de cris de désespoir… ». — Les gens sont affolés ; « nous pensons qu’il règne un esprit

    saient les plus mûres ; on les séchait sur des draps étendus dans le jardin. »