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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


qu’ils ont retrouvé l’appui du gouvernement, ils ont relevé la tête ; à présent ils sont les favoris en titre. La Convention leur a rendu les droits civiques qu’elle ôte à leurs adversaires : « tout décret d’accusation ou d’arrestation » rendu contre eux, tout mandat d’arrêt mis ou non à exécution, toute procédure ou poursuite commencée, tout jugement à propos de leurs actes révolutionnaires, est aboli[1]. « Les plus atroces » Montagnards, les proconsuls les plus ensanglantés et les plus salis, Dartigoeyte et Piochefer Bernard, Darthé, le secrétaire de Lebon, Rossignol, le massacreur de Septembre, les présidents des anciens comités révolutionnaires, « les patriotes au vol, les brise-scellés », les égorgeurs, se promènent, le front haut, sur le pavé de Paris[2]. Barère lui-même, qui, condamné à la déportation, a cheminé

    annonce l’envoi des procès-verbaux à l’appui.) — Mercier, le Nouveau Paris, II, 315. À Paris, les gens paisibles refusent d’aller voter, pour éviter « les coups de chaises et les taloches ». — Sauzay, VIII, 9. À Besançon, le 6 novembre 1795, sur 5309 inscrits, il n’y a que 1324 votants, et tous les élus sont terroristes. — Archives nationales, F7, 7090. (Documents sur l’émeute jacobine des 4 et 5 nivôse an IV, à Arles) : « Les exclusifs ou amnistiés ne considéraient la Constitution que comme un moyen d’arriver, par la possession exclusive des places, à une nouvelle anarchie »… « Cris et hurlements souvent répétés : « Vive Marat ! Au Panthéon, Robespierre ! » — « La principale bande se composait de vrais Terroristes, de ces hommes qui, sous le règne de Robespierre, portaient la guillotine en triomphe, et imitaient son jeu cruel à tous les coins de rues sur un mannequin qu’ils avaient fait faire exprès… » — « Visites domiciliaires,… ils fouillent partout, volent bijoux, argent, effets. »

  1. Décret du 4 brumaire an IV.
  2. Mallet du Pan, II, 363. — Schmidt (Rapports de police des 26 et 27 brumaire).