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LISETTE[1].


Lisette étoit filleule de la princesse de Conti[2] ; c’étoit une assez pauvre fille que cette princesse n’osa tenir sur les fonts que par procureur. Elle la fit nommer Louise comme elle ; de Louise on fit Louisette, et par corruption Lisette. Quand cette fille eut quinze ans, elle se mit à imiter Mathurine ; cette Mathurine avoit été folle, puis guérie, mais non pas parfaitement. Il y avoit encore quelque chose qui n’alloit pas bien. Elle continua à faire la folle, et sous prétexte de folie elle portoit des poulets. Elle y gagna du bien, et laissa un fils qui a été un admirable joueur de luth ; on l’appeloit Blanc-Rocher. Lisette donc prend un chapeau, une fraise, un pourpoint et une jupe, et en cet équipage, plus insolente qu’un valet, elle entre chez toutes

  1. Lisette est un personnage demeuré inconnu, mais nous croyons vrai le portrait que Tallemant en a tracé. « On n’a pas toujours besoin de preuves historiques pour croire à l’authenticité d’un fait, de même qu’il n’est pas toujours nécessaire de connoître l’original d’un portrait pour en affirmer la ressemblance. » (Zuleima, imité de l’allemand de madame Pichler, par H. de Châteaugiron ; Paris, Firmin Didot, 1826, in-18.)
  2. Louise Marguerite de Lorraine, veuve de François de Bourbon, prince de Conti.