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d’Aurillac, où Maynard étoit alors président, vint une fois heurter à la porte en demandant : « M. le président n’est-il point ici ? » Malherbe se lève brusquement à son ordinaire, et dit à ce monsieur le provincial : « Quel président demandez-vous ? Sachez qu’il n’y a que moi qui préside ici. »

Lingendes[1], qui étoit pourtant assez poli, ne voulut jamais subir la censure de Malherbe, et disoit que ce n’étoit qu’un tyran, et qu’il abattoit l’esprit aux gens[2].

Un jour Henri IV lui montra des vers qu’on lui avoit présentés. Ces vers commençoient ainsi :

Toujours l’heur et la gloire
Soient à votre côté,
De vos faits la mémoire
Dure à l’éternité.

Malherbe, sur-le-champ et sans en lire davantage, les retourna ainsi :

Que l’épée et la dague
Soient à votre côté ;
Ne courez point la bague
Si vous n’êtes botté.


Et là-dessus se retira, sans en dire autrement son avis.

    poète très-médiocre, membre de l’Académie française. « Il avoit une charge à la cour qui n’avoit point été avant lui, et n’a point été depuis ; car il se qualifioit orateur du roi pour les affaires d’État : et c’étoit en cette qualité qu’il recevoit douze cents écus tous les ans. » (Pellisson, Histoire de l’Académie, tom. I, pag. 289, Paris, 1730.) On trouve quelques détails sur les ouvrages de Colomby dans la Bibliothèque françoise de l’abbé Goujet, tom. 16, pag. 105.

  1. Jean de Lingendes, poète assez remarquable pour son temps. Ses vers sont épars dans les Recueils. Il mourut en 1616.
  2. Omis par Racan.