Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme son confesseur lui en voulut faire réprimande, il lui dit qu’il n’avoit pu s’en empêcher, et qu’il avoit voulu jusqu’à la mort maintenir la pureté de la langue françoise.




MADEMOISELLE PAULET.


Mademoiselle Paulet étoit fille d’un Languedocien qui inventa ce qu’on appelle aujourd’hui la Paulette, invention qui ruinera peut-être la France[1]. Sa mère étoit de fort bas lieu et d’une race fort diffamée pour les amourettes. Elle disoit que son père étoit gentilhomme ; sa mère menoit une vie assez gaillarde. Mademoiselle Paulet avoit beaucoup de vivacité, étoit jolie, avoit le teint admirable, la taille fine, dansoit bien, jouoit du luth, et chantoit mieux que personne de son temps[2] ; mais elle avoit les cheveux si dorés qu’ils pouvoient passer pour roux. Le père, qui vouloit se prévaloir de la beauté de sa fille, et la mère,

  1. Charles Paulet, secrétaire de la chambre du Roi, a été l’inventeur et le premier fermier de cet impôt, qui consistoit dans une somme que les officiers de judicature ou de finances payoient chaque année aux parties casuelles, afin de conserver, en cas de mort, leurs charges à leurs veuves et à leurs héritiers ; autrement elles auroient été déclarées vacantes au profit du Roi. Ce droit, établi par un édit du 12 septembre 1604, fut d’abord de quatre deniers pour livre, et depuis 1618, il étoit du soixantième denier du tiers du prix de la charge.
  2. On raconte que l’on trouva deux rossignols morts sur le bord d’une fontaine où elle avoit chanté tout le jour. (T.)