Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aperçu que ce jeune monsieur n’aimoit pas les femmes. M. de Vendôme a toujours depuis été accusé du ragoût d’Italie. On en a fait une chanson autrefois :

« Monsieur de Vendôme..........(bis.)
« Va prendre Sodôme ;............(bis.)
« Les Chalais, les Courtauraux[1],
« Seront des premiers à l’assaut.
« Ne sont-ils pas vaillants hommes ?
« Chacun leur tourne le dos. »

J’ai ouï conter qu’en une partie de chasse, un bon gentilhomme, oyant chanter cette chanson, dit : « Ah ! que mon cousin un tel, qui est à M. le Prince, verra de belles occasions à ce siége ! — Mais vous, lui dit-on, n’y voulez-vous point aller ? » On le piqua d’honneur, et on lui fit acheter un cheval pour la guerre de Sodôme.

Le chevalier de Guise fut aussi amoureux de mademoiselle Paulet. M. Patru, dont le père étoit tuteur de mademoiselle Paulet, car alors le sien étoit mort, m’a dit qu’un frère qu’elle avoit, qui venoit chez le père de M. Patru pour apprendre la pratique, y apporta le cartel du baron de Luz au chevalier de Guise. Il falloit que le chevalier fût bien familier chez la demoiselle. On disoit alors en goguenardant : « Un bon concert à trois. » M. de Bellegarde, M. de Termes et M. de Montmorency en furent aussi épris. M. de Termes traitoit son amour en badinant, mais il étoit effectivement amoureux ; son frère ne l’étoit pas autrement, mais il auroit été fâché que son frère eût été mieux que lui avec elle. Ce M. de Termes fit un vilain

  1. Depuis M. de Souvray. (T.)