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qu’un particulier ne voulut jamais la lui vendre, quoiqu’il lui en voulût donner beaucoup plus qu’elle ne valoit. Il ne voulut point lui faire de violence.

Lorsqu’il voyoit une maison délabrée, il disoit : « Ceci est à moi, ou à l’Église. »




LE MARÉCHAL DE BIRON LE FILS[1].


Ce maréchal étoit si né à la guerre, qu’au siége de Rouen, où il étoit encore tout jeune, il dit à son père, à je ne sais quelle occasion, que si on vouloit lui donner un assez petit nombre de gens qu’il demandoit, il promettoit de défaire la plus grande partie des ennemis. « Tu as raison, lui dit le maréchal son père, je le vois aussi bien que toi, mais il se faut faire valoir ; à quoi serons-nous bons, quand il n’y aura plus de guerre[2] ? »

Il étoit insolent et n’estimoit guère de gens. Il disoit que tous ces Jean… de princes n’étoient bons qu’à noyer, et que le Roi sans lui n’auroit qu’une couronne d’épines. Ce qui le désespéra, c’est qu’étant avide de louanges, et le Roi ne louant guère que soi-même, jamais il n’avoit sur sa bravoure une bonne parole de

    d’hui un petit séminaire. Les bâtiments et les jardins font une hache dans la partie du parc qui longe le canal.

  1. Charles de Gontaut, duc de Biron, né vers 1562, décapité à Paris en 1602.
  2. Le vieux maréchal s’effrayoit beaucoup de l’activité et de l’ardeur de son fils : « Biron, lui disoit-il, je te conseille, quand la paix sera