Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/287

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crier tout haut : « Cheval, ces p...... sont-elles encore là-bas ? »

Un seigneur qui avoit gagné une grande affaire à son rapport, lui envoya un mulet qui alloit fort bien le pas. M. de Turin trouva ce mulet à son retour du Palais ; il ne fit autre chose que de prendre un bâton, et d’en frapper le mulet jusqu’à ce qu’il le vit hors de chez lui.

On dit qu’un gentilhomme lui fit une fois un grand présent de gibier. Il laissa descendre cet homme, mais comme il sortoit dans la rue, il lui jeta ce gros paquet de gibier fort rudement sur la tête, en lui disant qu’il apprît à ne pas corrompre ses juges.




M. DE PORTAIL, M. HILERIN.


M. de Portail étoit aussi un conseiller au parlement de Paris, fort homme de bien, mais fort visionnaire. Il avoit retranché son grenier, y avoit fait son cabinet, et ne parloit aux gens que par la fenêtre de ce grenier[1]. Un jour qu’il avoit rapporté une affaire pour la communauté des pâtissiers, et qu’il la leur avoit fait gagner, parce qu’ils avoient bonne cause, les pâtissiers lui voulurent donner un plat de leur métier, et firent un pâté

  1. Racine avoit sans doute entendu conter cette anecdote quand il a fait donner audience à son Dandin, des Plaideurs, par une lucarne du toit.