Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/305

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deux dogues d’Angleterre, qui gardent leur enclos, eussent été lâchés une demi-heure plus tôt que de coutume, il entre sous un berceau qui n’étoit pas loin de son logement. Les chiens le sentent et lui coupent chemin. Il ne perdit point pourtant le jugement, et, sachant que cette sorte de chiens principalement ne se jettent point sur ceux qui ne témoignent point de peur, il ne fuit point, et avertit un homme qui étoit avec lui, puis il se met à les caresser en anglais. Il y en eut un qui s’apprivoisa aussitôt ; l’autre gronda toujours, cependant il eut le loisir de gagner la porte. Ces mêmes chiens attrapèrent la jambe d’un voleur de fruits qui se sauvoit par-dessus le mur, le tirèrent à bas et l’étranglèrent. Les moines jetèrent le corps par-dessus le mur dans la rue : il n’en fut autre chose (1650).

Un homme de Marseille reçut en bonne compagnie une cassette. Il crut que c’étoit des essences, et ne la voulut point ouvrir devant je ne sais combien de femmes qui étoient chez lui, de peur d’être obligé d’en trop donner. Il se retire sur un balcon qui donnoit sur un jardin. En ouvrant, le feu prend à une fusée qui eut assez de force pour faire tomber la cassette dans le jardin, où tout l’artifice et tous les pistolets qui étoient dedans jouèrent sans faire mal à personne. Voyez quel fracas cela auroit fait, s’il eût ouvert devant ces dames.

On dit qu’un chanoine de Notre-Dame de Paris étant à l’extrémité, ses gens s’emparoient de tout ce qu’ils pouvoient attraper. Un singe qu’il avoit se saisit à l’instant du bonnet carré du chanoine et se le mit sur la tête. Le malade, qui voyoit cela, se mit tellement