Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/31

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sion de la préséance sur l’Espagne ; car, à la canonisation de saint Diego, dont les Espagnols avoient fait toute la dépense, quoique le pape l’eût prié de laisser les Espagnols en liberté ce jour-là, et de ne point assister à la cérémonie, il y voulut aller à toute force ; et parce que l’ambassadeur d’Espagne s’étoit vanté qu’il l’arracheroit de sa chaise, il porta un poignard, et en fit porter à tous ceux de la nation. Il gagna même les propres Suisses du pape, dont le saint Père fut fort en colère ; de sorte que l’ambassadeur d’Espagne fut contraint de voir la cérémonie par une jalousie.

Ce fut durant cette ambassade qu’il se maria. Catherine de Médicis, qui aimoit extrêmement les Strozzi, tant parce qu’ils étoient ses parens, que parce qu’ils s’étoient incommodés à suivre le parti de France, ayant perdu depuis peu la comtesse de Fiesque, qui étoit de cette maison, voulut faire venir d’Italie quelque femme ou quelque fille de cette race. Il ne se trouva personne plus propre à être transportée de deçà les monts qu’une jeune veuve, qui n’avoit point d’enfants. À la vérité, elle étoit Savelle, et veuve d’un Ursin, mais sa mère étoit Strozzi. La Reine jeta les yeux sur le marquis de Pisani, qui étoit un vieux garçon de soixante-trois ans, mais encore frais et propre. Il ne la vit que deux ou trois jours avant que de l’épouser.

Quand le pape excommunia le roi de Navarre et le prince de Condé, et qu’il envoya sa bulle en France par un Frangipani, archevêque de Nazareth, napolitain, le Roi ne le voulut point recevoir, et lui envoya ordre à Lyon de s’arrêter. Cet homme n’avoit fait que souffler la sédition du temps de Charles IX, auprès duquel il avoit été nonce. Le pape en colère mande à