Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/329

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faire semblant de se pendre à un arbre qui étoit devant la porte de ce débiteur. L’autre, qui étoit à la fenêtre, court pour l’en empêcher. Les sergents cachés sortent et le prennent. Celui qui faisoit semblant de se pendre s’amusa un peu trop à regarder ce qui se faisoit ; il avoit déjà la corde au col ; en se tournant, il fait tomber le tabouret, et demeure pendu. C’étoit de bon matin, et en un quartier fort reculé ; de sorte que ce coquin fut pendu comme il le méritoit. M. de Fontenay-Mareuil me l’a conté : il étoit alors ambassadeur en Angleterre.

Henri IV allant à Sédan, M. de Bassompierre, M. de Bellegarde et autres rencontrèrent un homme de la ville, et lui demandèrent s’il n’y avoit point de filles de joie à Sédan. « Il n’y en avoit qu’une, dit cet homme, mais on la doit pendre demain, car on les punit de mort quand elles sont convaincues. » Nos cavaliers, touchés de compassion, donnent l’un une bague, l’autre de l’argent à ce bourgeois, à condition qu’il iroit de leur part prier M. de Bouillon de différer l’exécution d’un jour seulement. Il le fit. Le lendemain, le Roi y entra ; voilà tous les galants à ses genoux pour demander la grâce de cette pauvre pécheresse. Le Roi les renvoya à M. de Bouillon, et l’appelant, lui dit : « Mon cousin, cela dépend de vous ; nous ne sommes plus en France. » M. de Bouillon l’accorda, non sans quelque difficulté, et mit au bas de la grâce : « Grâce signée en présence du roi de France. »

Henri III passa à la Croix-du-Trahoir comme on pendoit un homme. Ce pauvre diable cria : « Grâce, Sire, grâce. » Le Roi, ayant su du greffier que le crime étoit grand, dit en riant : « Eh bien, qu’on ne le