Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/34

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avoit rien à craindre pour elles au milieu de leurs parents. Cette dame, qui étoit une femme de sens, faisoit en quelque sorte avec M. le cardinal d’Ossat, qui n’étoit alors qu’agent, le métier d’ambassadeur. Après il la fit venir en France, quand les choses furent un peu plus calmes.

Pour lui, à son retour il suivit Henri IV. En une rencontre, le Roi voyant qu’il étoit nécessaire de prendre un poste contre l’ordre et à la chaude, fit commandement à M. de Pisani d’y aller. Il y va. Quelqu’un avertit le Roi que le marquis étoit trop âgé pour un semblable commandement. Le Roi s’excusa en disant : « Il est si bien fait, si propre et si bien à cheval, que je l’ai pris pour un jeune homme ; courez après lui et prenez sa place. » Le marquis répondit : « J’irai, et si je reviens, je prierai le Roi d’y prendre garde de plus près une autre fois. » Le Roi disoit que si tous les seigneurs de sa cour et tous les officiers de son armée étoient aussi ardents à le servir, qu’il ne faudroit point de trompettes pour sonner le boute-selle.

Quelque sévère qu’il fût, on a remarqué que les jeunes gens l’aimoient fort et se plaisoient extrêmement avec lui. Ils lui portoient un tel respect qu’ils n’osoient paroître devant lui, s’ils n’étoient tout-à-fait dans la bienséance. Il aimoit les gens de lettres, quoiqu’il ne fût pas autrement savant. M. de Thou a laissé par écrit en des Mémoires à la main, qu’il ne savoit point de vie plus belle à écrire[1].

    cette dame, tenoit d’elle tous ces détails, ainsi qu’on le verra plus tard.

  1. Jacques-Auguste de Thou dit dans ses Mémoires que l’année 1599 lui fut funeste, par la perte qu’il fit des trois hommes illustres qui