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ne laissa pas d’avoir bon nombre d’enfants. Le marquis de Bellisle, son fils aîné, épousa une fille de la maison de Longueville, qui étoit belle et bien faite ; elle voulut venger la mort de son mari, tué au Mont-Saint-Michel, et après cela elle se fit religieuse, fut abbesse de Fontevrault, et puis fondatrice du Calvaire. Elle fit cette réformation, et mourut comme une sainte.

Le cardinal de Richelieu fit exiler M. de Bellegarde à Saint-Fargeau, où il demeura huit ou neuf ans. Feu M. le Prince, qui eut son gouvernement de Bourgogne, voulut aussi avoir Seurre, que M. de Bellegarde avoit acheté à madame de Mercœur pour en faire une duché, et lui donner son nom. La chose étoit faite de façon que la duché devoit aller à M. de Termes, son frère, et à ses fils, s’il en avoit alors. Il fut tué à Montauban. M. de Termes mourut le premier, et ne laissa qu’une fille que M. de Bellegarde maria à M. de Montespan. Feu M. le Prince acheta donc Bellegarde, et M. de Bellegarde acheta Choisy, dans la forêt d’Orléans, terre de la maison de L’Hospital, à laquelle il donna le nom de Bellegarde. C’est sur cela que M. de Bellegarde d’aujourd’hui, qui est fils de la sœur et s’appelle Gondrin en son nom (on l’appeloit au commencement Montespan), prétend être duc. Il n’a point d’enfant ; mais ses frères, les marquis d’Antin et Termes-Pardaillan, en ont. Il est vrai que ce sont de pauvres garçons pour l’esprit. L’archevêque de Sens est aussi son frère.

Nous avons vu revenir M. de Bellegarde à la cour, après la mort du cardinal de Richelieu, et il a porté le deuil de ce prince (Louis XIII), qui ne pouvoit souffrir sa roupie. Il est vrai qu’il mourut bientôt après.