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d’Orléans ; elle venoit à Paris. Il s’ennuyoit d’être à cheval, car il faisoit mauvais temps ; il lui dit : « Madame, il y a des voleurs à la vallée de Torfou, je m’offre à vous escorter. — Je vous rends grâces, lui dit-elle. — Ah ! madame, répliqua-t-il, il ne sera pas dit que je vous aie abandonnée au besoin ; » et en disant cela, il baisse la portière, et, quoi qu’elle dît, il se mit dans le carrosse. À Rome, comme M. de Brissac étoit ambassadeur, un jour que l’ambassadrice devoit aller voir la vigne de Médicis, il se mit tout nu dans une niche où il n’y avoit point de statue ; il y a là une galerie qui en est toute pleine. Cet homme se fit Père de l’Oratoire, et on l’appeloit le Père Palamort. Il n’avoit dans sa chambre que des Saints cavaliers, comme saint Maurice, saint Martin et autres.

L’autre fils de M. de Sancy, qui fut ambassadeur en Turquie, se fit également Père de l’Oratoire.

Madame de Beaufort n’eut point de patience qu’elle n’eût fait mettre M. de Rosny en la place de M. de Sancy. Il lui faisoit la cour, il y avoit long-temps. Son premier emploi fut de contrôler les passe-ports au siége d’Amiens, et puis il fut envoyé dans les élections pour prendre tous les deniers qui se trouveroient chez les receveurs, ce qu’il fit avec beaucoup de rigueur. Il en usa de même en toutes rencontres. Comme il étoit assez ignorant en fait de finances, il mena avec lui un nommé Ange Cappel, sieur du Luat[1], une espèce

  1. Ange Cappel, seigneur du Luat, est auteur d’un livre intitulé : l’Abus des Plaideurs, Paris, 1604, in-folio. Il nous a été impossible de découvrir dans aucune bibliothèque de Paris, et dans aucun catalogue, le petit livre, ayant pour titre : Le Confident, dont parle Tallemant. Ange Cappel a son article dans la Biographie universelle de