Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/72

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Voici ce qui se passa à la maladie de madame de Beaufort. Elle dépêcha Puypeiroux vers le Roi pour lui en donner avis, et le supplier de trouver bon qu’elle se fît mettre dans un bateau pour l’aller trouver à Fontainebleau. Elle espéroit que cela le feroit venir aussitôt, et qu’en faveur de ses enfants, il l’épouseroit avant qu’elle mourût. En effet, aussitôt que Puypeiroux fut arrivé, le Roi le fit repartir pour lui aller faire tenir prêt le bac des Tuileries, dans lequel il vouloit passer pour n’être point vu, et incontinent il monta à cheval, et fit si grande diligence qu’il rattrapa Puypeiroux, à qui il fit de terribles reproches. Auprès de Juvisy, le Roi trouva M. le chancelier de Bellièvre, qui lui apprit la mort de madame la Duchesse. Nonobstant cela, il vouloit aller à Paris pour la voir en cet état, si M. le chancelier ne lui eût remontré que cela étoit indigne d’un roi. Il se laissa vaincre à ses raisons, et retourna à Fontainebleau.

M. de Sully dit en un endroit que le Roi monta dans son carrosse ; il n’en avoit point, quoiqu’il fût surintendant des finances. Il alloit au Louvre en housse, et n’eut un carrosse que quand il fut grand maître de l’artillerie. Le Roi ne vouloit pas qu’on en eût. Le marquis de Cœuvres et le marquis de Rambouillet furent les premiers des jeunes gens qui en eurent, le dernier à cause de sa mauvaise vue, l’autre en rendoit quelque autre raison[1]. Ils se cachoient, quand ils rencon-

  1. « J’ai appris de la vieille madame Pilou, dit Sauval, qu’il n’y a point eu de carrosse à Paris avant la fin de la Ligue… La première personne qui en eut étoit une femme de sa connoissance et sa voisine, fille d’un riche apothicaire de la rue Saint-Antoine, nommé Favereau, et qui s’étoit fait séparer de corps et de biens d’avec Bor-