Page:Tamizey de Larroque - Lettres à Frederic Donnadieu.djvu/4

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sous le doigt du lecteur. Je vous remercie cordialement d’un don qui réunit toutes les qualités qui me plaisent le plus, et où, en un style excellent, vous faites admirablement connaître l’homme de cœur et de talent avec lequel j’ai passé à Roquefavour, en 1880, une journée qui comptera parmi les meilleures de ma vie. Je souhaite, mon cher Président, que vous trouviez, un jour, un biographe qui parle de vous avec autant de sympathie et avec autant de charme.

Quant au projet de publication des Poésies de Forcadel[1], où sont les neiges d’antan ? La mort inopinée de mon pauvre ami Prosper Blanchemain a tout brisé, au moment où nous allions nous entendre avec Lemerre. J’avais fait faire à Paris une excellente copie du rarissime recueil de 1579. J’avais communiqué à mon cher collaborateur toutes mes notes recueillies un peu partout. Il avait déjà rédigé, soit à l’aide de ces notes, soit à l’aide des siennes, une Notice comme il savait les écrire, élégante, agréable. Qu’est devenu le manuscrit ? J’ai vainement demandé des nouvelles de tout cela à la famille. Madame veuve Blanchemain n’a permis à personne de toucher aux papiers de son mari. Je me suis discrètement incliné devant son refus et depuis lors, je vous l’avoue, je n’ai plus pensé à Forcadel, absorbé que je suis

  1. Les Poésies d’Étienne Forcadel, de Béziers (1534-1579), ont eu plusieurs éditions à Paris, à Lyon, Toulouse, etc. Un exemplaire de la dernière édition, publiée à Paris, en 1579, par Le fils de notre poète et ayant appartenu à Charles Nodier a atteint successivement, en trois ventes, les prix de 59 fr., 270 fr., et 820 fr. Il est enfin porté à 1.000 fr. au 5e cat. des libraires Morgand et Fatout.

    On voit par ces prix quelle doit être la rareté du volume qualifié, du reste, comme il convient, dans la lettre ci-dessus, et combien il est regrettable que projet de réimpression Tamizey-Blanchemain n’ait pu aboutir. Les circonstances ne nous ont pas permis, jusqu’à présent, de déférer à l’invitation si aimable, mais beaucoup trop flatteuse, de T. de L. On verra, par des lettres subséquentes combien était délicate la reprise des négociations avec la famille de M. Prosper Blanchemain. L’occasion, qui a fait défaut jusqu’ici, se présentera peut-être quelque jour.