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dans votre belle bibliothèque[1], et qui sort seulement de la presse, quoyque la première feuille marque qu’il est imprimé depuis deux ans[2]. Ce Pere l’a composé sur les mémoires de feu le R. P. Thomassin[3] et le dernier volume, qui est le supplément, est tout entier de sa façon, comme vous pourrez voir. Il étoit juste qu’aiant tous les ouvrages de ce cher et illustre parent, vous eussiez encore celuy-cy, qui sera suivi de quelque autre, si la santé chancelante dudit P. Bordes luy peut permettre d’examiner le reste des mémoires et leur donner une forme pour les faire imprimer. J’eusse bien souhaité d’avoir eu l’honneur de vous voir en passant par Aix, où je ne fus qu’une matinée, mais on me dit que vous étiez encore à vostre maison de campagne. Faites moy la grâce, Monsieur, de me continuer vostre chere amitié et d’estre convaincu que je suis avec un sincère respect et un attachement inviolable vostre très humble et très obéissant serviteur.

Mignot, prêtre de l’Oratoire[4].
À Marseille, le 17e décembre 1705.


VII

À Monsieur, Monsieur l’abbé de Saint-Véran, directeur de la Bibliothèque de Carpentras, À Carpentras[5].


Arles, le 2 avril 1781.

J’ai passé, Monsieur, si précipitemment à Avignon, que je n’ai pas eu le

  1. Traité dogmatique et historique des édits et autres moyens dont on s’est servi pour établir et maintenir l’unité de l’Eglise (3 vol. in-4o)
  2. Ce détail était inconnu des bibliographes. Il faudra désormais remplacer partout la fausse date 1703 par la date réelle 1705.
  3. On croyait généralement que les deux principaux volumes du Traité avaient été rédigés par Thomassin. (Voir par exemple, l’article qui lui est consacré par Tabaraud dans la Biographie universelle). D’après le formel témoignage du P. Mignot, ami du P. Bordes, il faut attribuer cette rédaction au secrétaire du P. Thomassin, celui-ci n’ayant fourni que les matériaux.
  4. J’ai le regret de ne pouvoir rien dire du P. Mignot. Sur le P. Bouret, qui résidait à Arles, et qui empruntait (lettre du 24 novembre d’une année incertaine, fo 357), divers livres à M. de Mazaugues, notamment l’Histoire des ourages des savants de Basnage, voir la Notice du P. Ingold sur le P. Bougerel, page 30, note 1. Je relève dans une lettre de ce même oratorien (du 30 janvier 1699, fo 355), cette terrible tirade contre la morale relâchée : « Nous sommes ici [Arles] en un climat d’où les nouvelles n’approchent qu’apres avoir esté mouiller l’ancré chez vous. Le docteur ultramontain a grand peur qu’on ne rétrécisse trop la voye du ciel. C’est grand pitié que la littérature de ces sortes de savans. Ils consument leur temps et leur vie à se remplir des sottises de leurs casuistes, et croyent avoir rendu de merveilleux services à l’Eglise quand ils l’ont honnie des ordures d’une morale, dont les bons Turcz seroient souvent scandalisez, comme disait M. Godeau. »
  5. Voir sur l’abbé T. D. Fabre de Saint-Véran les notes dont le docteur Barjavel a entouré le Mémoire historique sur la vie et les écrits de Dom M. d’Inguimbert, évêque de Carpentras par le neveu maternel de ce prélat (Carpentras, 1859, in-8o), Le Mémoire de l’abbé de Saint-Véran n’a malheureusement été tiré qu’à 57 exemplaires et est depuis longtemps introuvable.