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Page:Tamizey de Larroque - Un héros ignoré : le soldat La Pierre, d’Unet.djvu/20

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La nuict pleine d’horreur en son obscurité,
La colère des vents, la force de l’orage,
La froidure de l’eau, l’air plein d’humidité,
Ne sçurent point alors refroidir son courage.

Mesme entre les poissons l’image de la mort
Ne le peut empescher de venir à bon port
Et d’apporter au Roy une bonne nouvelle.

De quoy les plus vaillans furent fort esbays,
Car Léandre n’a faict pour l’amour de sa belle[1]
Ce qu’a faict celui-cy pour l’amour du pays.

Je suis certain que, soit dans notre région qui fournit jadis tant de vaillants officiers et soldats au régiment de Champagne ; qui lui fournit notamment un lieutenant-colonel tel que La Mothe-Vedel, le héros de Miradoux, soit dans les rangs de notre armée, si fidèle au culte des vieux souvenirs, on réunirait facilement les fonds nécessaires à

  1. On sait que Héro, la belle jeune fille de Sestos, la digne prêtresse de Vénus, était ardemment aimée d’un jeune homme d’Abydos, qui, chaque nuit, traversait l’Hellespont pour la rejoindre, disant aux flots orageux ce mot charmant et qui peint si bien toute la vivacité de la passion : ne me noyez qu’à mon retour. On sait aussi que lord Byron, non moins grand nageur que grand poète, voulut renouveler le tour de force de Léandre et que l’auteur de Child-Harold franchit à merveille les deux kilomètres du détroit qui sépare l’Europe de l’Asie.