Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/306

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sur le même pied, il fallait chercher un autre agent, parce que je ne consentirais plus à être l’instrument de tant de fraude et d’injustice. J’étais si long-temps resté au milieu des Indiens que beaucoup d’entre eux étaient mes amis personnels, et je connaissais assez les désordres occasionés par l’introduction des liqueurs enivrantes pour désirer de les prévenir autant qu’il serait en mon pouvoir. Je ne voulais pas contribuer à répandre ce poison parmi eux ; j’avais encore un autre motif de répugnance à profiter, dans mes marchés avec eux, de leur amour insatiable des liqueurs spiritueuses ; quelque facile qu’il fût de les tromper, aucune fraude ne pouvait échapper à leur connaissance, et je savais jusqu’où pouvaient aller leur ressentiment et leur rancune, surtout envers moi, qu’ils regardaient comme un des leurs.

Je passai quinze mois au service de la compagnie américaine des fourrures, et, pendant tout ce temps, je dormis treize nuits seulement dans la maison, tant mes occupations étaient