Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la rivière Rouge. Je ne sais si nous étions enhardis par la promesse du prophète de nous rendre invisibles aux Sioux ; mais jamais nous ne nous étions aventurés aussi près de leur pays. Là, sur une extrême frontière, où nous n’avions osé chasser ni les uns ni les autres, nous trouvâmes une multitude de castors ; en un seul mois, sans l’aide de mon fusil, avec mes seules trappes, j’en pris une centaine de très beaux. Ma famille se composait de dix personnes, dont six enfans orphelins ; et, quoique seul pour chasser et tendre mes trappes, je suffis pendant quelque temps à tous leurs besoins. Enfin les castors commencèrent à devenir rares, et je fus obligé de tirer un élan ; ma famille avait si bien perdu l’habitude d’entendre des coups de fusil, qu’au bruit du mien tous sortirent de la cabane et s’enfuirent dans les bois, croyant qu’un Siou avait fait feu sur moi.

Il me fallut transporter mes trappes beaucoup plus loin, et ne les visiter qu’une fois par jour. Mon fusil était toujours dans mes mains ; si j’avais quelque chose à faire, je le tenais d’une