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INTRODUCTION.

4. Le nom de période gréco-romaine, donné à l’âge mûr de la science antique, se réfère à l’état politique de ce temps, plutôt qu’à une influence directe des Romains. La Grèce conquise avait, comme on sait, fait à son tour la conquête de ses farouches vainqueurs ; de bonne heure ils s’étaient mis à son école pour lui emprunter ses arts, sa littérature, sa philosophie et ses sciences ; ce mouvement nous a valu des poèmes immortels et aussi cette curieuse Histoire naturelle de Pline, que son auteur rêvait, sans doute, d’égaler à l’œuvre d’Aristote, mais dont il n’a pu faire qu’une immense compilation, souvent précieuse pour nous, souvent aussi bien peu utilisable, par suite du défaut d’indication précise des sources.

Mais cet effort vers la science avorta bientôt et les Romains ne parvinrent même pas à se donner une littérature philosophique. Après un siècle de lutte, l’hellénisme étouffa, chez ses disciples, toute tentative de rivalité. Marc-Aurèle écrit en grec ses Pensées ; l’âge des Antonins est celui de Ptolémée et de Galien ; c’est là le point culminant de la science gréco-romaine, qui cependant, vers la fin du siècle suivant, nous présente encore Diophante et Pappus.

Ces noms montrent assez que les mathématiques et la médecine se maintiennent à la hauteur atteinte par la science alexandrine ; d’importants travaux de coordination sont accomplis. Toutefois, le génie créateur fait défaut et l’on cherche plutôt à reprendre et à refondre ce qui a déjà été élaboré, que l’on ne s’efforce de réaliser de nouveaux progrès. Cet état stationnaire est le symptôme de la décadence prochaine, qui ne s’accusera que trop tôt.

Quant aux sciences naturelles, la situation antérieure ne s’améliore pas ; ce qui est plus digne de remarque, c’est la vicissitude que subit la philosophie.

Vers le commencement de la période gréco-romaine, le stoïcisme avait acquis, sur les autres écoles, une prééminence marquée ; dès lors, son influence grandit de plus en plus et arrive à son apogée sous les Antonins. Après eux, il disparaît subitement ; les écoles qu’il avait si longtemps combattues, ne lui survivent pas ; l’hellénisme semble sentir le besoin de concentrer ses forces contre le flot montant du christianisme ; Plotin et ses disciples immédiats occupent la scène du iiie siècle et, après eux, il n’y aura plus qu’une seule philosophie hellène.

Pour se rendre un compte exact des raisons de cette vicissitude, il faut remarquer que le véritable mouvement stoïcien, celui qui a