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POUR L’HISTOIRE DE LA SCIENCE HELLÈNE.

84. L’agréable ou le désagréable est un effet de masse conforme à la nature ou au contraire violent et contre nature ; l’intermédiaire est, en proportion, plus ou moins indifférent. Aussi la vue ne produit ni peine ni plaisir pour dilatation ou contraction qui ait lieu. Quant aux saveurs, en parlant de l’eau, il discerne quatre sortes de celle-ci comme liquides, vin, suc, huile, miel, et en parlant des affections, il ajoute la saveur des terres ; celles qui contractent et resserrent les pores, suivant qu’il y a plus ou moins d’aspérités, sont astringentes ou seulement âpres ; ce qui nettoie et débarrasse les pores, est salé ; ce qui produit cet effet avec force et en dissolvant, est amer ; ce qui échauffe, monte à la tête et dilate, est brûlant ; ce qui produit des mélanges par agitation, est acide ; enfin ce qui, uni à l’humidité de la langue, devient propre à ramener à l’état naturel, aussi bien par relâchement que par contraction, est doux.

85. Les odeurs n’ont point d’espèces ; on ne les distingue qu’en tant qu’agréables ou non. L’odeur est plus subtile que l’eau, mais plus grossière que l’air ; la preuve est que, si l’on respire avec les narines bouchées, on peut faire entrer l’air sans odeur ; c’est un corps invisible analogue à la fumée et au brouillard, qui sont : la fumée, passage d’eau en air ; le brouillard, passage d’air en eau. — Le son est un choc de l’air sur l’encéphale et le sang jusqu’à l’âme ; il est aigu ou grave, suivant que le mouvement est rapide ou lent ; les consonances ont lieu quand le commencement du mouvement lent est pareil à la fin du rapide.

86. La couleur est une flamme qui s’élève des corps, avec des particules en proportion avec les yeux ; le blanc est ce qui dilate, le noir ce qui contracte ; ce qui répond au chaud et au froid pour la chair, à l’astringent et au brûlant pour la langue. Le brillant est le blanc igné, les autres couleurs proviennent de celles-là ; mais d’après quels rapports, celui qui le saurait n’aurait pas à parler de ce dont nous ne pouvons rendre une raison probable ou nécessaire ; et si on ne réussit pas à reproduire les couleurs en tâtonnant, il n’y a là rien d’étrange, leur production n’en est pas moins possible au Dieu. Voilà à peu près ce qu’il a dit et les déterminations qu’il a données.

87. Mais il y a aussi là bien des étrangetés : d’abord ne pas tout expliquer de la même manière, pas même tout ce qui rentre dans le même genre. Ainsi, ayant déterminé la figure pour le chaud, il ne le fait pas pour le froid. En second lieu, si le mou est ce qui