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tant qui cultive mal, parce qu’il a vu son père mal cultiver, et le législateur qui vote une sottise, ou le ministre qui consacre une injustice, parce que cette sottise a été votée et cette in justice commise sous le règne de Sa Majesté Georges III ? L’habitant, le législateur et le ministre suivent les précédents, voilà tout.

Il y a, cependant, cette différence : l’habitant se l’ait dire des injures par les journaux, tandis que ceux-ci décernent au député et au ministre le titre de « docteur en droit constitutionnel. »

Il y a une autre différence : en imitant l’exemple de son père, l’habitant ne fait du tort qu’à lui-même ; au lieu que les gouvernements, en suivant les précédents que leur fournissent les sots et les pervers du temps passé peuvent mener le pays à la ruine.

Notre ligne de conduite est toute tracée par Injustice et le bon sens, et il semble que rien au monde ne serait plus facile que de la suivre. Mais il y a quelque part un « précédent » qu’il faut déterrer avant d’agir. Souvent ce précédent nous conduit pardessus une clôture ou un fossé, quelquefois dans un abîme. N’importe ; quelqu’un a passé par là et il faut le suivre. Sautons !

Oh ! mes pauvres moutons ! si j’avais su autrefois ce que je sais aujourd’hui, vos gambades ne m’auraient pas tant impatienté !


NOS GLOIRES NATIONALES


4 août 1881


Notre pays est fécond en « gloires nationales. » Il y en a des centaines et des centaines ; chaque jour on en découvre une autre. Ça pousse comme des champignons, dans une nuit, et sur n’importe quel terrain. Et j’ai bien peur que la plupart de nos gloires ne vivent que ce que vivent les champignons — fort peu de temps.