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OU RECUEIL D’ÉTUDES

il a si bien réussi. Cet instrument, c’est la Franc-Maçonnerie.

Est-ce que le Courrier du Soir ne nous a pas dit, l’autre jour, que la Franc-Maçonnerie est le pic destiné à renverser l’obscurantisme clérical dans les pays neufs ?

Déjà, dans notre cher Canada, les coups de ce pic retentissent aux oreilles de ceux qui veulent entendre


CHARITÉ ET PHILANTHROPIE


18 août 1881


La philosophie moderne tend à remplacer la charité par la philanthropie. On confond assez souvent ces deux choses, qui sont pourtant bien différentes, qui sont même opposées l’une à l’autre.

En effet, la charité et la philanthropie partent de deux principes qui se font continuellement la guerre dans le cœur de l’homme : l’amour de Dieu et l’amour de soi-même. La charité chrétienne nous fait secourir le pauvre parce qu’il est notre frère ; parce que Notre Père qui est au ciel est son Père ; parce que le Sauveur des hommes est mort pour lui comme pour nous ; parce qu’enfin Jésus-Christ a sanctifié la pauvreté et qu’il nous a légué les pauvres comme un précieux héritage. La philanthropie n’a rien de surnaturel ; c’est quelque fois un pur instinct que certains animaux, qui portent secours à leurs semblables blessés ou malades, partagent avec nous ; plus souvent, c’est de l’égoïsme. Le philanthrope jette un morceau de pain au pauvre pour que sa plainte ne l’opportune pas, pour que sa présence ne l’offusque pas.

Voilà la différence entre l’homme charitable et le philanthrope. Le premier fait l’aumône parce que Jésus le lui a commandée ; le second paie la poor-tax afin que sa maison ne soit pas brûlée.

Il n’y a rien de plus hideux, de plus païen que la taxe des pauvres qu’on prélève en certains pays, notam-