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MÉLANGES

D’abord, notre confrère qui prêche la modération, devrait commencer par donner l’exemple, et ne pas parler d’un homme éminemment respectable, comme M. de Boucherville ; dans un langage de carrefour. Voici un échantillon de la prose du Nord :

Battu sur la question du chemin de fer, M. de Boucherville, qui n’a que de hautes vengeances, de nobles ressentiments et de larges idées, a cru bon de se rabattre sur la loterie nationale ; il fallait se venger des Chapleau, des Lacoste et aussi du curé Labelle, hommes qui ont tous un tort impardonnable aux yeux de ce preux ; celui de se faire écouter de tout le monde, chacun à sa manière, dans le genre d’affaires qu’ils poursuivent, tandis que lui ne peut se faire entendre de personne sur aucun sujet. Ajoutons à cela, cette amertume, ce fiel légendaire dont se compose l’âme d’un faux dévot, et vous découvrez de suite la raison de son indigne conduite.

D’abord, si M. de Boucherville ne peut se faire entendre de personne sur aucun sujet, comment se fait-il qu’il soit seul responsable, selon notre confrère, de la non-réussite du projet de loterie ? Il est permis de se fâcher, mais non pas au point de déraisonner.

Ensuite, n’est-il pas souverainement indigne d’entendre M. Nantel traiter M. de Boucherville de faux dévot ?

M. Nantel prétend que M. de Boucherville est plus catholique que le pape, qu’il trouve « le parti conservateur gangrené parce que ses chefs actuels ne font que se soumettre aux décisions des congrégations romaines. » Nous voudrions bien savoir quand le pape ou les congrégations romaines ont décidé qu’il faut appuyer tout projet de loterie qu’il plaira à certains individus de soumettre à la législature de la province de Québec ? Cet abus intolérable qu’une certaine école fait sans cesse de l’autorité du Saint-Siège cause un énorme scandale dans le pays. Il est grand temps que cela cesse. Nous ne connaissons rien de plus répréhensible, de plus nuisible aux intérêts de la religion que cette triste manie qu’ont certains écrivains et certains hommes publics d’invoquer à tort et à travers le nom auguste du Saint-Père. Que la religion soit la