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OU RECUEIL D’ÉTUDES

Bien qu’une association d’ouvriers ait le droit de refuser son travail à moins d’obtenir tel prix, elle n’a pas le droit d’empêcher d’autres ouvriers de travailler pour les prix qu’ils voudront. Elle n’a pas même le droit d’empêcher ses membres de travailler pour le prix qu’ils voudront, car le refus de travailler doit être parfaitement libre.

C’est là un principe fondamental de la société civile ; lorsqu’on s’en écarte, on tombe dans le désordre.

Les cultivateurs qui viennent sur les marchés de nos villes ont certainement le droit de dire qu’ils ne vendront pas leurs denrées à moins de tel prix. Mais que dirions-nous si un certain nombre de cultivateurs se liguaient ensemble, non seulement pour s’entendre sur les prix à demander, mais pour empêcher, par des menaces ou la violence ; d’autres cultivateurs de vendre à meilleur marché ?

Nous les accuserions, avec raison, d’outrepasser leur droit et de commettre une injustice flagrante.

Pourtant leur conduite ne différerait en rien de celle des ouvriers qui se liguent ensemble pour empêcher d’autres ouvriers de travailler pour le prix qu’ils veulent accepter. Car le travail est une propriété, comme le beurre et la viande : chaque ouvrier est aussi maître de son travail que le cultivateur l’est des produits de sa ferme.


DEVONS-NOUS DISPARAÎTRE ?


8 juillet 1882.


Le Chronicle, de samedi, sous le titre de « bon-conseil », rapporte une parole ou une prétendue parole que Sir Hector Langevin aurait prononcée l’autre jour à Carleton. D’après le Chronicle, l’honorable ministre aurait dit à ses auditeurs qu’il importait peu qu’ils fussent Anglais, ou Irlandais, ou Écossais ou Canadiens,