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OU RECUEIL D’ÉTUDES

Article V. — Cet acte viendra en vigueur le jour de sa sanction, et ne pourra pas être abrogé ou amendé tant qu’il y aura de la colonisation à faire dans la province de Québec.

Au moment même où j’achevais, dans mon esprit, la rédaction de cette loi aussi nécessaire que rigoureuse, la pluie vint changer le cours de mes idées. Nous fûmes bientôt mouillés jusqu’aux os, mais pas un seul murmure ne s’échappa de nos lèvres. Au contraire, nous rendions grâces au ciel de cette bienfaisante averse et nous demandions qu’elle durât longtemps.

Enfin, à quatre heures de l’après-midi, après avoir parcouru trois lieues de bons chemins et trois lieues de chemins impossibles, nous avons devant nous la terre promise, le canton de Metgermette, et le beau lac des Abénaquis sur les bords duquel des Français sont venus, il y a quelques années, faire des défrichements, aujourd’hui abandonnés. Seul, monsieur Victor Vannier y est resté, bravant la solitude et l’ennui. Il y possède maintenant un joli établissement, une maison fort spacieuse près du lac, un magnifique parterre, des champs fertiles ; et il a, de plus, l’agréable perspective d’être bientôt entouré de voisins. M. Vannier et son estimable famille nous reçoivent avec cette exquise politesse française que tout le monde connaît. Dans cette maison hospitalière, nous oublions bientôt les fatigues du voyage.

La nouvelle que le Père Lacasse est arrivé se répand bientôt, et le soir, plusieurs des colons établis dans ce canton se rendent chez M. Vannier pour avoir des nouvelles. Le R. P. leur annonce que Mgr l’Archevêque n’a pas voulu les laisser plus longtemps orphelins, qu’il a érigé le canton de Metgermette en paroisse, sous le vocable de Saint-Zacharie, qu’il a nommé M. Meunier, vicaire de Sainte-Marie, à cette nouvelle cure, et que M. le curé arrivera demain pour prendre possession de sa paroisse. Il fallait voir la joie de ces braves gens en apprenant cette heureuse nouvelle. Nous, habitants des villes, nous ne pouvons nous faire une idée de ce qu’est la solitude de la forêt, ni de la terreur indicible que cette solitude inspire aux colons. Les